LOÏE. 08

Ciné-Corps, du haut de ses 9 ans

2 de abril de 2021
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Francés
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Ciné-Corps est un festival de films sur la danse et le corps, que j’ai créé en 2012 dans la ville de Strasbourg, en France. Il s’agit de séances de cinéma, projections de films de tous formats et de toutes catégories, vidéodanses, fictions, documentaires, films d’artistes ou d’animation. Des workshops ou des concours d’œuvres créées dans le temps du festival (hackathon, marathon de la vidéodanse) viennent compléter les programmations de films et les rencontres avec les artistes.

C’est le festival de toutes les danses, à l’exception des captations de spectacles, il n’y a pas de compétition entre les films, ni de hiérarchisation entre eux. L’idée est de donner à voir la réalité de la création contemporaine dans cette discipline, un art de la rencontre entre plusieurs média, coexistant à des fins souvent expérimentales ou plus narratives, proposant une alternative au cinéma du dialogue, et à la danse de plateau.

Depuis sa naissance, il poursuit son chemin jusqu’à Paris, Rennes, Budapest ou Curitiba au Brésil. A l‘occasion de ses neuf années d’existence, il retrace son histoire pour mieux s’en saisir et prendre en main son destin, en ces temps de pandémie.

C’est la Ville de Strasbourg qui lui a permis de voir le jour au cinéma Odyssée, l’un des plus anciens cinémas de France, en subventionnant sa création. Cela fait suite à la série de films Parcours dansés que j’ai réalisée en 2004 dans le Jardin des Deux Rives, sur la frontière entre la France et l’Allemagne. Seize films de danse sur des performances in situ, revisitant ce même jardin. Les premières éditions de Ciné-Corps ont bénéficié d’une belle fréquentation, nous donnant envie de continuer l’aventure. Leurs ont précédé des séries de projections initiées en 2009, afin de sensibiliser en amont le public à cette forme.

En 2015, j’ai mis en place les éditions à Rennes, dans un premier temps avec l’Institut Confucius de Bretagne, en projetant des films réalisés par des artistes chinois et en invitant le chorégraphe contemporain tibétain Sang Jijia, pour des rencontres et des workshops.

Le festival se sépare alors de la Ville de Strasbourg ne pouvant plus le soutenir dans de bonnes conditions, pour Paris, avec des projections au cinéma La Clef dans un premier temps. Il s’agissait de cycles thématiques, notamment Ciné-Corps regarde vers l’Est avec des séries de films réalisés par des artistes d’Europe Centrale ou de Russie, et des rencontres et échanges avec le public, qui sont le cœur de l’identité de cette salle de cinéma.

En 2018, une grande édition aux Ecrans de Paris Majestic Passy a pu éclore, avec plus de deux cent films et une semaine de festival. C’est dans ces années que des programmations sur l’innovation et la danse ont pu être proposées au public, en réalité virtuelle et gratuites. Depuis 2019, Ciné-Corps se déroule annuellement à Rennes au Théâtre National de Bretagne, ou au CCNRB.

Le festival est parfois invité, pour son plus grand plaisir, dans le cadre de programmations thématiques ou représentatives de la création en France par ses homologues étrangers, à Sao Paolo par exemple, par VideoBrasil, ou à Budapest, par le Festival Szerpentin.

Dans le contexte sanitaire que nous traversons, Ciné-Corps a trouvé en son sein des solutions de survie, comme pour toutes et tous actrices et acteurs de la culture, malgré les reports puis les annulations.

L’édition 2020 a pu avoir lieu en présentiel en octobre à Rennes, durant un « go » tant désiré et obtenu, avec à l’honneur le voguing. Au programme, les projections de films, mais aussi un workshop gratuit sur inscription, et la création d’un mini-ball, un ball, accessible aux plus grands comme aux plus petits, avec une attention particulière donnée à un accès grand public.

Toutes ces démarches de création où le public est sollicité sont très importantes pour le festival, car elles offrent la possibilité de découvrir le film de danse par la pratique, ceci permettant d’accroître son public, parfois craintif de formes cinématographiques sans paroles. Deux évènements se sont succédés depuis, permettant à Ciné-Corps de mettre en valeur des films et des artistes malgré tout. Le premier, est l’invitation de la Mostra Solar de la Casa Hoffman à Curitiba pour une programmation en ligne de films durant son édition. La seconde est une mini-série radiophonique contant la grande histoire d’amour entre la danse et le cinéma. Elle a été créée par Paulina Ruiz Carballido du festival mexicain Agite y Sirva, et moi-même. Cette proposition fait le récit historique des différentes étapes de la relation que la caméra a pu entretenir avec le mouvement dansé, depuis la danse serpentine de Loïe Fuller, et ses imitatrices. Il y est question notamment de Maya Deren, Merce Cunnigham et Charles Atlas, Paula Weiss, le courant de la Nouvelle Danse Française et les danses « maronnes » ou de détournement, comme les nomme la chorégraphe Bintou Dembélé tel le krump, par exemple.

Une chance de pouvoir écrire ce texte, le signer et le dater dans la période contemporaine ! Le monde artistique étant victime de la cancel culture ou du report, nous imaginons qu’une fois que tout cela sera derrière nous, nous aurons les mêmes choses à dire, alors que nous savons très bien que nous aurons envie de retrouver nos lieux de culture, mais que nous serons un peu différents. Et c’est quelque part le fait que nous ne sachions pas encore ce que nous aurons envie de dire ou de montrer, ni ceux que nous serons devenus, qui nous offre une promesse d’avenir, dans ces temps incertains.

 

Links de interés :

Infos et programmations www.cine-corps.com

BIO

 

Virginie Combet est diplômée en 2003 d’un Master de Cinéma à l’Université de Provence. Elle commence sa vie professionnelle en se formant au métier de scripte pour le cinéma et travaille sur plusieurs longs-métrages, dont Indigènes de Rachid Bouchareb. Elle réalise des courts-métrages documentaires, notamment en 2001 Sonia, août et tracas en Hongrie, pour lequel elle obtient une bourse du programme Mé́dia Journeyman durant ses études. Puis, elle travaille à la Maison de l’Image de la Ville de Strasbourg, où elle se dirige vers un cinéma du corps. De 2004 à ̀2008, elle réalise la série de films Parcours dansés, à partir du travail de vingt chorégraphes contemporains dont Daniel Larrieu, Odile Duboc, Serge Ricci, Simone Forti, souvent projetée et diffusée en France et à l’étranger. Elle fonde en 2012, dirige et programme le festival Cine-Corps à Paris, Rennes et Marseille, festival de films sur le corps et ses possibles à travers la danse, qui célèbre en 2021 sa neuvième édition. Elle crée en 2018 le projet en cours Le pays où tout est à prendre au sérieux, série de films et performances dansées avec des adolescents, en partenariat avec plusieurs hôpitaux psychiatriques en France et des institutions culturelles.

 

Ciné-Corps est un festival de films sur la danse et le corps, que j’ai créé en 2012 dans la ville de Strasbourg, en France. Il s’agit de séances de cinéma, projections de films de tous formats et de toutes catégories, vidéodanses, fictions, documentaires, films d’artistes ou d’animation. Des workshops ou des concours d’œuvres créées dans le temps du festival (hackathon, marathon de la vidéodanse) viennent compléter les programmations de films et les rencontres avec les artistes.

C’est le festival de toutes les danses, à l’exception des captations de spectacles, il n’y a pas de compétition entre les films, ni de hiérarchisation entre eux. L’idée est de donner à voir la réalité de la création contemporaine dans cette discipline, un art de la rencontre entre plusieurs média, coexistant à des fins souvent expérimentales ou plus narratives, proposant une alternative au cinéma du dialogue, et à la danse de plateau.

Depuis sa naissance, il poursuit son chemin jusqu’à Paris, Rennes, Budapest ou Curitiba au Brésil. A l‘occasion de ses neuf années d’existence, il retrace son histoire pour mieux s’en saisir et prendre en main son destin, en ces temps de pandémie.

C’est la Ville de Strasbourg qui lui a permis de voir le jour au cinéma Odyssée, l’un des plus anciens cinémas de France, en subventionnant sa création. Cela fait suite à la série de films Parcours dansés que j’ai réalisée en 2004 dans le Jardin des Deux Rives, sur la frontière entre la France et l’Allemagne. Seize films de danse sur des performances in situ, revisitant ce même jardin. Les premières éditions de Ciné-Corps ont bénéficié d’une belle fréquentation, nous donnant envie de continuer l’aventure. Leurs ont précédé des séries de projections initiées en 2009, afin de sensibiliser en amont le public à cette forme.

En 2015, j’ai mis en place les éditions à Rennes, dans un premier temps avec l’Institut Confucius de Bretagne, en projetant des films réalisés par des artistes chinois et en invitant le chorégraphe contemporain tibétain Sang Jijia, pour des rencontres et des workshops.

Le festival se sépare alors de la Ville de Strasbourg ne pouvant plus le soutenir dans de bonnes conditions, pour Paris, avec des projections au cinéma La Clef dans un premier temps. Il s’agissait de cycles thématiques, notamment Ciné-Corps regarde vers l’Est avec des séries de films réalisés par des artistes d’Europe Centrale ou de Russie, et des rencontres et échanges avec le public, qui sont le cœur de l’identité de cette salle de cinéma.

En 2018, une grande édition aux Ecrans de Paris Majestic Passy a pu éclore, avec plus de deux cent films et une semaine de festival. C’est dans ces années que des programmations sur l’innovation et la danse ont pu être proposées au public, en réalité virtuelle et gratuites. Depuis 2019, Ciné-Corps se déroule annuellement à Rennes au Théâtre National de Bretagne, ou au CCNRB.

Le festival est parfois invité, pour son plus grand plaisir, dans le cadre de programmations thématiques ou représentatives de la création en France par ses homologues étrangers, à Sao Paolo par exemple, par VideoBrasil, ou à Budapest, par le Festival Szerpentin.

Dans le contexte sanitaire que nous traversons, Ciné-Corps a trouvé en son sein des solutions de survie, comme pour toutes et tous actrices et acteurs de la culture, malgré les reports puis les annulations.

L’édition 2020 a pu avoir lieu en présentiel en octobre à Rennes, durant un « go » tant désiré et obtenu, avec à l’honneur le voguing. Au programme, les projections de films, mais aussi un workshop gratuit sur inscription, et la création d’un mini-ball, un ball, accessible aux plus grands comme aux plus petits, avec une attention particulière donnée à un accès grand public.

Toutes ces démarches de création où le public est sollicité sont très importantes pour le festival, car elles offrent la possibilité de découvrir le film de danse par la pratique, ceci permettant d’accroître son public, parfois craintif de formes cinématographiques sans paroles. Deux évènements se sont succédés depuis, permettant à Ciné-Corps de mettre en valeur des films et des artistes malgré tout. Le premier, est l’invitation de la Mostra Solar de la Casa Hoffman à Curitiba pour une programmation en ligne de films durant son édition. La seconde est une mini-série radiophonique contant la grande histoire d’amour entre la danse et le cinéma. Elle a été créée par Paulina Ruiz Carballido du festival mexicain Agite y Sirva, et moi-même. Cette proposition fait le récit historique des différentes étapes de la relation que la caméra a pu entretenir avec le mouvement dansé, depuis la danse serpentine de Loïe Fuller, et ses imitatrices. Il y est question notamment de Maya Deren, Merce Cunnigham et Charles Atlas, Paula Weiss, le courant de la Nouvelle Danse Française et les danses « maronnes » ou de détournement, comme les nomme la chorégraphe Bintou Dembélé tel le krump, par exemple.

Une chance de pouvoir écrire ce texte, le signer et le dater dans la période contemporaine ! Le monde artistique étant victime de la cancel culture ou du report, nous imaginons qu’une fois que tout cela sera derrière nous, nous aurons les mêmes choses à dire, alors que nous savons très bien que nous aurons envie de retrouver nos lieux de culture, mais que nous serons un peu différents. Et c’est quelque part le fait que nous ne sachions pas encore ce que nous aurons envie de dire ou de montrer, ni ceux que nous serons devenus, qui nous offre une promesse d’avenir, dans ces temps incertains.

 

 

 

 

 

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Virginie Combet

Est diplômée en 2003 d’un Master de Cinéma à l’Université de Provence. Elle commence sa vie professionnelle en se formant au métier de scripte pour le cinéma et travaille sur plusieurs longs-métrages, dont Indigènes de Rachid Bouchareb. Elle réalise des courts-métrages documentaires, notamment en 2001 Sonia, août et tracas en Hongrie, pour lequel elle obtient une bourse du programme Mé́dia Journeyman durant ses études. Puis, elle travaille à la Maison de l’Image de la Ville de Strasbourg, où elle se dirige vers un cinéma du corps. De 2004 à ̀2008, elle réalise la série de films Parcours dansés, à partir du travail de vingt chorégraphes contemporains dont Daniel Larrieu, Odile Duboc, Serge Ricci, Simone Forti, souvent projetée et diffusée en France et à l’étranger. Elle fonde en 2012, dirige et programme le festival Cine-Corps à Paris, Rennes et Marseille, festival de films sur le corps et ses possibles à travers la danse, qui célèbre en 2021 sa neuvième édition. Elle crée en 2018 le projet en cours Le pays où tout est à prendre au sérieux, série de films et performances dansées avec des adolescents, en partenariat avec plusieurs hôpitaux psychiatriques en France et des institutions culturelles.

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